Le seul truc qui m'effraie, c'est de perdre le don de faire rire... Robin Williams
Deauville 1988, le Festival du Cinéma Américain, ma passion et mon attente de l'année depuis ma 1ère découverte en 1985... 1986, 87 impossible je bosse!!!
88 enfin je peux y retourner.....
des hommages : Claudette Colbert, Ann-Margret, George Sidney, William Friedkin (des frissons!!!), Jonathan Demme, Buddy Rogers et les Oscars (des merveilles à découvrir sur grand écran : Casablanca ou West Side Story par exemple),
et puis des avant-premières, des "à découvrir".... Beast of War (à l'intérieur d'un tank en Afghanistan...), Big et la découverte d'un jeune talent Tom Hanks (présent au festival.... et hop un petit autographe pour moi!!!), le choc : Die Hard un Bruce Willis qu'on découvre après la série Coup de Lune (rigolo de revoir sa photo à Deauville.... il avait plein de cheveux et une sacrée moustache barbichette!!!), Nicky et Gino (Ray Liotta et Tom Hulce bouleversants), rire aux larmes avec A Fish called Wanda, danser un instant avec Michelle Pfeiffer et Matthew Modine dans Married to the Mob, rire encore avec Midnight Run, de Niro excellent (là, je me suis battue pour l'avoir mon autographe!!!! ) .... j'en passe...... un coup de coeur pour moi : Young Guns avec des petits jeunes : Emilio Estevez, Kiefer Sutherland, Lou Diamond Phillips (and guess what...), Charlie Sheen...
et...
une conférence de presse d'un fou, d'un illuminé dans une petite salle du casino (du temps où le festival avait une âme....), j'étais assise sur le bord d'une table, la salle était pleine, je crois n'avoir jamais autant ri de ma vie (comme tous ceux présents dans la salle - ou presque-, j'en ai fait (oserai-je le dire) pipi dans ma culotte!!!! si si!!! heureusement ma chambre d'hôtel était toute proche!!!!
le mec nous fait, entre autres folies, une imitation de de Niro jouant dans la Dernière Tentation du Christ (film sorti peu avant aux US et ayant connu les foudres des "bien-pensants" partout dans le monde, à Paris, un ciné a cramé boulevard Saint Michel...) .... mais de Niro sur la croix c'était tordant.....
ce jour-là vous m'avez fait pleurer de rire Monsieur Robin Williams, aujourd'hui j'ai le coeur plein de tristesse.....
Vous êtes monté sur le devant de la scène en hurlant un "Goooooooooooooood Morning Deauville" avant la projection et avez de nouveau provoqué des rires.....
Quel souvenir..... une gentillesse, une générosité vis à vis de son public (je chéris aujourd'hui encore plus mon autographe) ... un talent..... Je ne résiste pas à faire un long, très long copier/coller d'un article que je viens de trouver (merci Internet et merci la Belgique.....), retraçant cette mémorable conférence :
article des archives du Soir, l'article s'intitule Deauville ou le Cinéma comme Machine à Plaisirs (ce qui effectivement était vraiment le cas cette année là!) :
Parmi les invités, on a constaté que la trépidante Ann-Margret est devenue une endormante raseuse, que Claudette Colbert a les quatre-vingts ans qui chantent et que Robin Williams est aussi formidable dans la vie qu'à l'écran. Mais je vous laisse découvrir tout cela sur cette page!
LUC HONOREZ.
Goooood Mooooorning!
FORMIDABLE comédien américain issu de la radio, de la télé et du cabaret, Robin Williams, malgré quelques très beaux rôles, n'avait pas réussi à imposer véritablement son nom. Cette injustice est réparée avec Good Morning Vietnam, de Barry Levinson, dans lequel Robin interprète un homme de radio, pendant la guerre du Vietnam, qui lutte avec un humour décapant pour imposer la vérité sur les ondes militaires.
En lisant cette interview ci-dessous, essayez d'imaginer Williams tordant son visage dans tous les sens et faisant d'incroyables numéros d'imitations - de Sinatra à De Niro - irrésistibles...
- Avez-vous rencontré le disc-jockey de la guerre du Vietnam, Cronauer, dont vous interprétez le rôle?
- C'est un homme calme qui vit à Philadelphie. Il a une voix très fréquence modulée, dans le style feutré de «Sâalhhut, les gâars!». Il n'est pas drôle. Bref, tout le contraire de ce que j'interprète à l'écran. Mais il a eu le mérite d'être le premier à introduire le rock'n roll sur les ondes militaires américaines du Vietnam. Jouer Cronauer, qui est mon exact opposé, est un peu comme si j'avais interprété un Gandhi obèse!
- Lors des séquences où vous jouez Cronauer sur antenne, improvisiez-vous librement ou le réalisateur Barry Levinson vous mettait-il sur des rails?
- Non. J'étais entièrement libre. Je faisais ça (Williams imite Dukakis), ça (il imite Reagan) et ça (il parodie le colonel North)... Je pouvais pousser ma fantaisie à bout sauf que j'étais obligé d'imiter des personnalités des années 60. Oui, la radio, c'était mon boulot! Ce que vous voyez à l'écran ressemble un peu à mes numéros de cabaret... Et aussi les séquences où je donne des leçons d'américain aux Vietnamiens qui n'étaient pas des acteurs professionnels.
- Comment vous est venue l'idée du cri «Gooooood Mooooorning Vietnam!» qui est un peu la carte de visite du film?
- C'était un peu un mot de passe pendant la guerre du Vietnam. Cronauer ne l'utilisait pas, mais les soldats, par dérision, tous les matins, se saluaient par ce cri ironique. «Good Morning Vietnam!» a, un peu, été la signature de dix ans de guerre. En Amérique, cela fait partie de la mémoire collective.
- Comment s'est déroulé le travail avec Levinson?
- C'est un réalisateur qui adore les comédiens. Il m'a aidé à donner de l'humanité à mon personnage quand je le poussais dans des retranchements trop comiques (par pudeur personnelle!). Il m'a confié qu'il avait accepté de mettre en scène Good Morning Vietnam parce que le scénario faisait une large part aux Vietnamiens qui ont été gommés de la plupart des récents films sur le Vietnam.
- Il y a beaucoup d'airs de rock'n roll (et une superbe chanson d'Armstrong) dans le film. Cela vous a-t-il aidé à trouver le rythme et l'atmosphère de votre personnage?
- Tout à fait. La guerre du Vietnam était comme un juke-box de rock'n roll, car les soldats étaient très jeunes. On ne va pas combattre dans la jungle en écoutant du Henry Mancini ou Mantovani et ses violons magiques! On nous a reproché d'avoir été cyniques en utilisant la chanson de Louis Armstrong, C'est un monde merveilleux, pendant la scène de l'explosion d'un bar à Saigon. Mais c'était la réalité! On écoutait Sinatra chanter Come Fly with Me et, bang! une bombe vous envoyait au paradis!
Personnellement, je n'ai guère été concerné par la guerre du Vietnam: je n'avais que treize ans et je menais ma guerre pour conquérir les filles!
- Votre carrière cinématographique a démarré avec Popeye, de Robert Altman. N'était-ce pas un cadeau empoisonné: vous étiez méconnaissable dans ce rôle et personne n'a su mémoriser votre vrai visage?
- Un cadeau de caoutchouc, oui! Le maquillage que je me suis tapé: des couches et des couches. C'est vrai que mon ego était effrayé par ce rôle, d'autant plus qu'on l'avait d'abord proposé à Dustin Hoffman. Et le public européen, qui ne connaissait pas mes shows télévisés, effectivement, n'a pas retenu mon nom: avoir un oeil fermé, la bouche de travers et une pipe, ça n'aide pas la popularité, oh non! Mais je ne regrette pas d'avoir fait ce film que je considère comme merveilleux, même si Altman n'a pas reçu l'argent nécessaire pour soigner les effets spéciaux comme il le fallait.
- Je vous préfère pourtant dans le rôle de Garp...
- Le Monde selon Garp est mon deuxième film préféré. Autour de George Roy Hill, le réalisateur, nous formions une vraie famille. Aujourd'hui encore, j'appelle Glenn Close «Mam'»! Il y avait de la magie dans ce film.
- Il y a quelque chose qui relie tous vos personnages, Popeye, le Russe qui vient en Amérique de Moscou sur l'Hudson, Garp et Cronauer: ce sont des rêveurs indépendants, tendres, humains et qui luttent pour la vérité. Vous leur ressemblez, me semble-t-il.
- Laissez-moi vous baiser les pieds! Peut-être qu'inconsciemment je choisis cette sorte de personnages. Je ne sais pas... Comme Garp, disons que je regarde l'Amérique avec les yeux d'un Martien étonné.
Mon prochain rôle, celui d'un prof dans une école privée, dans The Dead Poet's Society, mis en scène par Peter Weir (Witness), sera assez dramatique mais proche, une nouvelle fois, de Cronauer ou du Russe.
- Et si un réalisateur vous demande de jouer un salaud, vous acceptez?
- Certainement. Quelqu'un comme... Oui! Ou comme... Oui! Je ne tiens pas absolument à être le type de l'écran qu'on aime. Je ne veux pas être Humphrey Bogart mais Peter Lorre qui a joué de formidables crapules. Son M le maudit est sensationnel.
- Pendant des années, Hollywood a été fasciné par les films pour jeunes. Cela a-t-il provoqué un passage à vide dans votre carrière?
- Oui. Les scénaristes n'écrivaient plus pour quelqu'un qui ne portait pas des couches-culottes! Merci Dieu, il y avait le cabaret et le théâtre. La mentalité «télévision» a ravagé les esprits américains. Heureusement, mes compatriotes commencent à se lasser de leur petit écran.
Actuellement, le problème est que les producteurs ont une liste de noms en tête. Si vous n'êtes pas dessus, c'est la cata... Par exemple, pour The Dead Poet's Society, les financiers avaient d'abord pensé à Danny De Vito parce qu'il vient d'aligner quelques succès. Je me fous d'être le second choix si le film me plaît: j'essaie de ne pas avoir de problème d'ego! Le seul truc qui m'effraie, c'est de perdre le don de faire rire... Mon acteur préféré, Peter Sellers, avouait qu'il connaissait cette même frayeur.
Bon, je vous laisse. Je dois aller apprendre le texte d'En attendant Godot que je vais jouer, avec Steve Martin, dans un théâtre new-yorkais.
et ça c'est la partie traduisible de la conférence..... le reste c'est un one man show extraordinaire.....
Le Cercle .... quelle merveille, j'ai lu Walt Whitman en anglais dans la foulée.... des personnages émouvants, des salauds, des tendres, des émerveillés, femme, homme-enfant, enfant-homme,.... il a tout interprété.... nous avons tous nos films, nos personnages préférés de Robin Williams........
Un hommage qui dit tout ou presque :
Merci pour tout Monsieur Williams, toutes mes condoléances à votre famille et à vos amis..... Je ne ris pas aujourd'hui....
PS : je viens de voir que l'INA a mis en ligne la conférence de presse de Robin Williams de 1988 à propos de Good Mornig Vietnam, un seul regret c'est celle de la Mostra de Venise et pas de Deauville mais c'est du même niveau de voltige... n'hésitez pas, allez la voir, allez l'écouter.....clic